Rencontre avec un "NOVNI" (non-objet volant non identifié ; 1974)

Si vous n'aviez pas tout compris à la présentation en vol (anecdote précédente), on vous la réexplique avec les mains dans une petite vidéo ajoutée ce matin...

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Nîmes-Garons, Printemps 1974.

J’étais second de la Flottille 12F, à la tête d’un détachement basé dans le sud pour assurer les concours nécessaires à l’entraînement de l’escadre de Méditerranée.

En cet après-midi chaud et ensoleillé, je fus appelé aux "opérations" de la base: un message confidentiel émanant de Toulon exigeait l’envoi immédiat d’un Crusader avec un pilote ayant toute qualification, aux ordres du centre de contrôle de la zone d’approche de Hyères. Aucun détail n’était fourni sur la mission dont on savait qu’elle était urgente, importante… et "protégée". Je désignai le Premier Maître Alpha qui avait toutes les compétences requises. Mais trente minutes après son départ, Hyères demandait un deuxième avion, au motif que le radar du premier était tombé en panne. Et c’est ainsi que je partis pour le sud de Hyères où soufflait un bon mistral. Du moins savais-je que l’exécution de la mission exigeait un bon radar. C’était le cas de celui de mon avion.

A 15 000 pieds, je reçus les premiers ordres de l’approche: " Pour la suite du vol limitez-vous à la phraséologie strictement réglementaire. Vous effectuerez au retour un message de compte-rendu détaillé." Puis l’on me demanda d’intercepter un "écho" à faible vitesse, d’altitude inconnue. Effectuant une recherche en site avec le radar de bord, je finis par le détecter puis, par calcul mental, à déterminer son altitude approchée. Je stabilisai alors l’avion légèrement plus bas pour ne pas être gêné par les échos de terre saturants. Prenant une vitesse confortable – 300 nœuds – je m’approchai de l’écho puis verrouillai le radar en poursuite: instantanément j’obtins une indication de vitesse très élevée (plus de 600 nœuds) et le radar "déverrouilla". Reprenant le contact sur l’écran-radar je m’approchai et, "les yeux dehors" cherchai l’objet en question, ne vis rien et finis par dépasser l’emplacement où il aurait dû se trouver. Je signalai sans autre commentaire: "objectif non vu".

C’est ainsi que, trente minutes durant, je multipliai les passes avec chaque fois les mêmes remarques et sans jamais rien voir. A un moment je fus tenté de demander si ce que je cherchais était rose avec deux grandes oreilles (un éléphant volant bien sûr) ou rayé blanc et bleu avec une grande queue et un museau pointu? Mais je n’en fis rien. En vol je suis plutôt bref et précis quand je parle. Et je parle peu. Au bout de 45 minutes, il me fut ordonné de dégager vers Nîmes et l’on me rappela qu’il me faudrait faire un compte-rendu. Rentré à Nîmes je mis comme intitulé dans "objet du message ": "Non-objet volant non identifié."

Ce fut classé avec le degré de protection ad hoc et je n’eus jamais de réponse. Mais j’appris tout de même que dans la salle d’approche écoutant, regardant, ordonnant tout, se trouvait le commandant de l’aéronautique en troisième région maritime: ce capitaine de vaisseau était une "personnalité affirmée", comme l’on dit pour ne faire de peine à personne, qui n’était pas réputé pour son sens de l’humour … Et je compris alors que "rats bleus et éléphants roses" n’auraient pas vraiment été de mise sur les ondes.

J’appris aussi plus tard que le dit-écho se trouvant à proximité du centre d’essais de la Méditerranée, d’aucuns se demandaient ce qu’avaient pu inventer soviets ou chers alliés ou tout autre curieux pour venir voir ce qu’on y fabriquait… Plus tard encore, on me dit qu’un morceau de ferraille posé non loin du radar d’approche avait provoqué un phénomène électromagnétique "matérialisé par un nœud d’ondes" que le radar du Crouze aurait été à même de détecter…

Pour moi – et pour le journal de marche de la 12F – cela reste un non-objet non identifié, piloté par un petit homme vert… C’est à la fois plus amusant et plus mystérieux. Il n'est pas interdit de rêver… ;)

(source dessin: lapinoo.com)


Goz Beïda le 11 juillet 2002

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